Page:Doyle - La Vallée de la peur.djvu/6

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de Porlock, bien que je ne l’ai vue que deux fois : il y a là un « y » dont je reconnais l’arabesque. Mais si l’écriture est de Porlock, il s’agit d’une affaire grave. »

Holmes s’adressait moins à moi qu’à lui-même. Cependant ma mauvaise humeur ne tint pas contre l’intérêt qu’éveillaient ses paroles.

« Qui donc est Porlock ? demandai-je.

— Porlock est tout simplement un pseudonyme, Watson, un signe d’identification derrière lequel se dissimule un individu fuyant et fertile en ressources. Cet individu m’avisa, dans une précédente lettre, qu’en réalité il s’appelait différemment, et qu’il me mettait au défi de le dépister entre les millions de gens qui peuplent Londres. Son importance ne tient pas à sa personne, elle lui vient de l’homme considérable auquel il touche de près. Ce qu’est pour le requin le poisson qu’on appelle pilote, ce qu’est le chacal pour le lion, voilà ce qu’est Porlock, insignifiant compagnon d’un être formidable. Que dis-je, formidable ? Sinistre, Watson, éminemment sinistre. Et c’est en quoi il m’intéresse. Vous m’avez entendu parler du professeur Moriarty ?

— Le fameux criminel scientifique, connu de toute la pègre, et… »

J’allais dire : « Et totalement ignoré du public. » Holmes ne me laissa pas achever :

« Hé, là ! Watson, murmura-t-il : doucement, je vous prie ! Vous avez la plaisanterie un peu forte. Je ne vous savais pas ce