Page:Doyle - Les Aventures de Sherlock Holmes.djvu/233

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femme est cette fille qui est allée à Philadelphie. M. Rucastle me confia en secret que la raison du départ de sa fille était l’aversion exagérée qu’elle avait pour sa belle-mère dont la jeunesse rendait évidemment difficile la situation de Mme Rucastle dans la maison de son père.

Mme Rucastle me parut incolore au moral aussi bien qu’au physique. Elle ne me fit aucune impression, ni bonne, ni mauvaise. C’est un être sans caractère. On voit qu’elle est passionnément attachée à son mari et à son petit garçon. Ses yeux gris clair vont constamment de l’un à l’autre, pour voir ce dont ils peuvent avoir besoin, et le prévoir si possible. Lui, quoique brusque et bruyant, est bon pour elle à sa manière ; en somme, ils paraissent faire bon ménage. Et cependant, cette femme a un chagrin secret. Elle semble parfois absorbée, et son visage exprime la souffrance. Plus d’une fois, je l’ai surprise en larmes. J’ai cru quelquefois que c’étaient les dispositions de son fils qui l’attristaient, car je n’ai jamais vu de créature plus gâtée, ni douée de plus mauvais instincts. Cet enfant est petit pour son âge, mais il a une tête énorme et tout à fait disproportionnée. Sa vie se passe en alternatives d’accès de rage et de bouderie sombre. Il n’a qu’un plaisir : celui de tourmenter les êtres plus faibles que lui, et il a