Page:Doyle - Les Aventures de Sherlock Holmes.djvu/57

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— Cette famille fut à un moment donné parmi les plus riches d’Angleterre, et ses possessions s’étendaient jusque dans le Berkshire au nord, et le Hampshire à l’ouest. Mais, au siècle dernier, se succédèrent quatre générations de prodigues et de débauchés, et la ruine de la maison fut consommée par un joueur sous la Régence. Il ne resta rien de leurs terres, sauf quelques ares de terrain et la maison, vieille de deux cents ans, qui est elle-même hypothéquée autant qu’elle peut l’être. Le dernier possesseur y traîna sa misérable existence de noble ruiné ; mais son fils unique, mon beau-père, se rendit compte qu’il fallait se tirer de là, obtint d’un parent une avance de fonds, pour faire des études médicales, et partit pour Calcutta, où, grâce à son habileté professionnelle et à sa force de caractère, il se créa une belle clientèle. Dans un mouvement de colère, causé par un vol qui avait été commis chez lui, il assomma son maître d’hôtel indien, et peu s’en fallut qu’il ne fût condamné à mort. Il fit plusieurs années de prison et revint en Angleterre, morose et aigri.

Pendant que le docteur Roylott était aux Indes il avait épousé ma mère, Mme Stoner, la veuve encore jeune du major général Stoner, de l’artillerie du Bengale. Ma sœur Julia et moi, nous étions jumelles, et nous n’avions que deux ans lors de ce