Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/405

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Sharkey regarda son compagnon bien en face et constata que la lueur étrange qui courait toujours au fond de ses yeux était subitement devenue une véritable flamme. Dans son regard, il lut une menace terrible et il porta aussitôt ses mains à son ceinturon vide. Il se retourna alors pour saisir une arme, mais, avant qu’il eût pu faire un geste, l’arc décrit par une corde s’abattait sur lui et ses deux bras se trouvaient attachés à ses flancs. Il se débattit comme un chat sauvage et se mit à hurler au secours.

— Ned ! criait-il d’une voix désespérée. Ned ! Réveille-toi !… C’est là une odieuse trahison ! Au secours ! Ned, au secours !

Mais les trois hommes étaient trop ivres-morts pour qu’aucune voix parvînt à les réveiller.

Et la corde s’enroulait toujours, et toujours autour de lui, jusqu’à ce qu’il fût, des pieds jusqu’à la tête, ficelé comme un saucisson. Copley Banks et le stewart l’appuyèrent comme une masse inerte contre un des barils de poudre, après l’avoir bâillonné avec un mouchoir. Seuls, ses yeux pouvaient bouger et ne se privaient pas de lancer des regards foudroyants. Le muet manifestait l’exultation de son triomphe par de petits