Page:Doyle - Un crime étrange.djvu/126

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La petite fille aux joues roses et rebondies se tournait vers le ciel pur et radieux en même temps que la figure hâve et décharnée. Ces deux êtres si dissemblables sentaient leur cœur s’élever d’un même élan vers cet être suprême avec lequel ils s’entretenaient face à face. Et les deux voix, l’une argentine et pure, l’autre profonde et rude, s’unissaient pour implorer la miséricorde divine. La prière finie, ils reprirent leur place à l’abri du rocher, jusqu’à ce que l’enfant s’endormit pelotonnée sur la large poitrine de son protecteur. Celui-ci veilla pendant quelque temps sur son sommeil, mais à la fin la nature l’emporta. Pendant trois jours et trois nuits il ne s’était pas accordé un instant de repos, aussi ses paupières s’abaissèrent peu à peu sur ses yeux fatigués, sa tête se pencha de plus en plus sur sa poitrine et la barbe grisonnante de l’homme vint se mêler aux boucles blondes de l’enfant. Tous deux étaient abîmés dans le même sommeil lourd et sans rêve.

Si le voyageur était resté éveillé encore quelques instants, un singulier spectacle eût bientôt frappé ses regards. À l’extrémité de la grande plaine de sel, au loin, tout au loin, apparut d’abord un petit tourbillon de poussière. Très léger au début, à peine distinct même, il grandit peu à peu de façon à former un nuage épais qui s’avançait lentement. Mais ce nuage, d’où provenait-il ? Dans une région