Page:Doyle - Un crime étrange.djvu/130

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offrait, un homme de haute taille, à la barbe inculte, fortement charpenté, bien que maigre comme un squelette, était étendu. Sa figure calme, sa respiration régulière montraient qu’il était profondément endormi. Autour de son cou basané et musculeux s’enroulaient les bras potelés et blancs d’un enfant qui reposait tout contre lui, et cette tête blonde et dorée s’appuyait sur la poitrine de l’homme, se faisant un oreiller de sa vieille veste de velours. Ses lèvres roses étaient entr’ouvertes, montrant une rangée régulière de dents très blanches et un joyeux sourire illuminait ses traits enfantins. Les petites jambes bien rondes portaient des chaussettes blanches, et de jolis souliers, ornés de boucles brillantes, recouvraient les pieds mignons. Tout cela formait un contraste étrange avec l’aspect de son compagnon. Au-dessus d’eux sur le bord du rocher, trois énormes busards se tenaient gravement immobiles ; mais à la vue des nouveaux arrivants ils se mirent à pousser, d’une voix rauque, de longs cris de désappointement et prirent le parti de s’envoler lourdement. Ce bruit réveilla les deux dormeurs ; se redressant effarés, ils ouvrirent des yeux stupéfaits en apercevant des êtres humains si près d’eux. L’homme sauta sur ses pieds et, jetant ses regards sur la plaine, déserte quelques instants auparavant, il la vit peuplée par cette multitude d’hommes et d’animaux. Sa figure prit alors une expression d’incrédulité