Page:Doyle - Un crime étrange.djvu/169

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étaient précieuses et il leur restait beaucoup à faire.

« Il faut partir sur l’heure », dit Jefferson Hope, sur un ton bas mais résolu comme quelqu’un qui, tout en se rendant bien compte du danger, a d’avance cuirassé son cœur. « Devant et derrière, les approches sont gardées mais avec des précautions nous pourrons nous échapper par une fenêtre de côté et prendre ensuite à travers champs. Une fois sur la route nous ne sommes qu’à deux milles du ravin où attendent les chevaux et au lever du soleil nous pourrons avoir fait la moitié du chemin dans les montagnes.

— Et si on nous arrête ? » demanda Ferrier, Hope toucha la crosse du revolver qu’il portait à sa ceinture. « S’ils sont trop nombreux, nous en descendrons toujours bien deux ou trois avant d’y passer nous-mêmes », dit-il, avec un sourire sinistre.

Toutes les lumières de la maison avaient été éteintes et à travers la fenêtre ainsi assombrie, Ferrier regarda ces terres qui avaient été les siennes et qu’il allait abandonner pour toujours. Pourtant son sacrifice était fait depuis longtemps et la pensée de l’honneur et de l’avenir de sa fille l’empêchait de sentir trop douloureusement sa ruine. Tout paraissait si calme, si heureux, depuis les arbres frémissant dans l’ombre, jusqu’aux immenses plaines