Page:Doyle - Un crime étrange.djvu/205

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que j’ai exercés en Amérique dans le cours de ma vie errante, il m’arriva d’être employé comme gardien et préparateur au laboratoire de l’université d’York. Un jour le professeur, faisant une conférence sur les poisons, montra à ses élèves ce qu’il appelait un alcaloïde : c’est une substance dont les sauvages de l’Amérique du Sud se servent pour empoisonner leurs flèches, et dont les vertus toxiques sont si puissantes, qu’un simple grain suffit pour occasionner une mort foudroyante. Je fis une marque au flacon qui contenait cette substance et, quand tout le monde fut parti, j’en dérobai un peu. J’étais devenu un assez bon préparateur ; aussi me fut-il facile de fabriquer avec cet alcaloïde un certain nombre de pilules. Puis je pris plusieurs petites boîtes et dans chacune d’elles je mis deux pilules, l’une inoffensive et l’autre mortelle. Je voulais, quand mon heure viendrait, proposer à ceux que je poursuivais de ma haine, de choisir une de ces pilules et de l’absorber tandis que j’avalerais l’autre. C’était plus sûr qu’un duel avec un seul pistolet chargé et cela avait l’avantage de faire moins de bruit. À partir de ce jour je portai sans cesse sur moi ces petites boîtes et je suis arrivé dans mon récit au moment où j’eus à les employer.

« Il était plus de minuit, ou plus exactement près d’une heure du matin, la nuit était sombre et glaciale, avec des rafales d’eau que chassait un vent