Page:Doyle - Un crime étrange.djvu/216

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— Je m’en doutais. Voyons si je puis m’expliquer plus clairement. Prenez quelqu’un à qui vous exposiez une succession de faits, il saura presque toujours deviner ce qu’ils ont produit, car après les avoir tous coordonnés dans son esprit, il aura vu à quoi ils aboutissaient. Mais quand on ne livre que le résultat, bien peu de personnes possèdent en elles assez de ressources pour reconstituer les différentes étapes qui ont précédé et qui ont occasionné l’événement final. Voilà ce que j’entends par le raisonnement à rebours ou analytique.

— Je comprends, dis-je.

— Dans cette dernière affaire, vous connaissiez le résultat et il fallait en déduire tout le reste. Eh bien, je vais essayer de vous faire saisir mon procédé. Commençons par le commencement. Je me suis approché de la maison à pied, comme vous avez pu le voir, et l’esprit dégagé de toute idée préconçue. Mon premier soin fut d’examiner la route et là, je vous l’ai du reste déjà expliqué, je relevai distinctement les traces laissées par les roues d’un fiacre, traces qui ne pouvaient dater que de la nuit. Je savais que c’était un fiacre et non une voiture de maître par le peu de distance qui séparait les roues ; en effet un coupé élégant possède une voie sensiblement plus large que celle d’une vulgaire locatis.

« Voilà donc un premier point gagné. Je suivis ensuite lentement l’allée du jardin qui, grâce à la