Page:Doyle - Un crime étrange.djvu/3

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me promener à travers les salles et même pour m’étendre au soleil sous une véranda, lorsque je fus terrassé par la fièvre typhoïde, ce terrible fléau de nos possessions indiennes. Après avoir passé plusieurs mois entre la vie et la mort, j’entrai enfin en convalescence ; mais j’étais si amaigri et si faible qu’à la suite d’une consultation les médecins décidèrent de me renvoyer en Angleterre, sans perdre un instant. En conséquence, je pris passage à bord du transport l’Orontes, et un mois plus tard je débarquais à Portsmouth, avec, il est vrai, une santé à tout jamais ruinée, mais muni, en revanche, d’un congé octroyé par notre bon et paternel gouvernement pour me permettre de travailler pendant neuf mois consécutifs à récupérer mes forces disparues.

Sans feu ni lieu, libre comme l’air — ou plutôt aussi libre qu’on peut l’être lorsqu’on possède pour toute fortune 14 fr. 35 de rente par jour, — je n’eus naturellement qu’une idée, celle de gagner Londres, ce vaste réceptacle vers lequel converge, irrésistiblement entraînée par tous les déversoirs de l’Empire Britannique, la foule des gens qui n’ont dans la vie ni emploi fixe, ni but déterminé.

Je plantai d’abord mes pénates dans un petit hôtel du Strand et pendant quelque temps j’y menai une vie aussi désœuvrée que monotone ; tout en entamant notablement mes pauvres économies.