Page:Doyle - Un crime étrange.djvu/33

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dit que vous arriviez d’Afghanistan et vous avez semblé tout surpris.

— Grâce à vos explications, cela me paraît maintenant assez simple, dis-je en souriant. Vous me rappelez le Dupin d’Edgar Allan Poë. Mais je ne soupçonnais pas que de tels individus pussent exister en dehors des romans. »

Sherlock Holmes se leva et alluma sa pipe : « Vous croyez sans doute me faire un compliment en me comparant à Dupin, dit-il. Eh bien, à mon avis, Dupin n’était qu’un homme très ordinaire. Son seul truc consistait à pénétrer les pensées de ses interlocuteurs en les surprenant tout à coup, après un quart d’heure de silence, par une remarque faite avec à-propos ; mais c’est là une méthode vraiment très superficielle et contre laquelle il est trop facile de se mettre en garde. Il possédait évidemment certaines facultés d’analyse, mais de là à être le phénomène que Poë a voulu en faire, il y a loin !

— Avez-vous lu les œuvres de Gaboriau, demandai-je ; Lecoq personnifie-t-il pour vous le type du parfait policier ? »

Sherlock Holmes ricana d’une façon ironique : « Lecoq était un vulgaire brouillon, s’écria-t-il avec humeur. Il n’avait qu’une seule chose à son actif : son énergie. Non, voyez-vous, ce livre m’a positivement rendu malade. Il s’agissait, n’est-ce pas, de constater l’identité d’un prisonnier inconnu ? En