Page:Doyle - Un crime étrange.djvu/81

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heures sonnèrent, et j’entendis les pas de la servante qui allait se coucher ; onze et le pas plus lourd de la propriétaire qui allait en faire autant. Enfin, il était environ minuit lorsque j’entendis le grincement de la clef de Holmes dans la serrure. Dès son entrée, je vis sur sa figure qu’il n’avait pas réussi : il semblait tout à la fois amusé et désappointé ; quand, la gaieté prenant définitivement le dessus, il éclata de rire et s’écria en tombant dans un fauteuil :

« Pour rien au monde je ne voudrais que ces messieurs de Scotland Yard aient vu ce qui s’est passé. Je me suis tellement moqué d’eux qu’ils me blagueraient à leur tour jusqu’à la fin de mes jours. Mais moi, je puis en rire, car je suis bien certain d’être toujours au moins à leur hauteur.

— Que s’est-il donc passé ? demandai-je.

— Oh ! je ne crains pas de raconter comment j’ai été roulé, dupé. Cette vieille bonne femme avait marché quelque temps, lorsqu’elle commença à boiter comme si elle avait mal au pied. Puis elle s’arrêta et héla un fiacre qui passait. Je m’arrangeai pour être tout près d’elle au moment où elle donnait son adresse. Mais c’était là une précaution inutile, car elle cria assez haut pour se faire entendre de l’autre côté de la rue : « Conduisez-moi no 13, Duncan Street, Houndsditch ». À ce moment-là je crus qu’elle nous avait dit la vérité ; et, l’ayant vue installée