Page:Doyle - Un crime étrange.djvu/90

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police. Le travail incroyable auquel je me suis astreint pendant ces deux derniers jours m’a éreinté. Ce n’est pas tant, vous saisissez bien, l’effort physique que la tension d’esprit. Vous pouvez me comprendre mieux que personne, monsieur Sherlock Holmes, car nous sommes, vous et moi, des gens qui soumettons notre cerveau à de rudes épreuves.

— Vous me faites trop d’honneur, répliqua Holmes avec le plus grand sérieux. Mais apprenez-nous donc comment vous êtes arrivé à un résultat si remarquable. »

L’agent de police s’installa dans un fauteuil et se mit à regarder avec complaisance les spirales de fumée qui s’échappaient de son cigare.

Puis tout à coup il se donna une tape sur la jambe avec tous les signes de la plus franche gaieté.

« Le plus drôle, s’écria-t-il, c’est que cet imbécile de Lestrade, qui se croit si malin, est parti ventre à terre sur la mauvaise piste. Il est à la recherche du secrétaire Stangerson qui n’est pas plus mêlé à ce crime qu’un enfant qui vient de naître. Il l’a peut-être déjà arrêté à l’heure qu’il est. »

Cette idée parut à Gregson tellement bouffonne qu’il faillit s’étrangler à force de rire.

« Qu’est-ce qui vous a mis sur la voie ?

— Ah ! je vais vous raconter ça, mais, docteur Watson, tout ceci entre nous naturellement. La