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M. STAPLETON, DE MERRIPIT HOUSE.

En me regardant, ses yeux brillaient et son pied frappait le sol avec impatience.

« Pourquoi m’en aller ? demandai-je.

— Je ne puis vous le dire. »

Elle parlait d’une voix basse, précipitée, avec un léger grasseyement dans sa prononciation.

Elle reprit :

« Pour l’amour de Dieu, faites ce que je vous recommande. Retournez vite et ne remettez jamais plus les pieds sur la lande !

— Mais j’arrive à peine.

— Pourquoi ne tenir aucun compte d’un avertissement dicté par votre seul intérêt ?… Retournez à Londres !… Partez ce soir même… Fuyez ces lieux à tout prix !… Prenez garde ! Voici mon frère,… pas un mot de ce que je vous ai dit… Soyez donc assez aimable pour me cueillir cette orchidée, là-bas… La lande est très riche en orchidées… vous en jugerez par vous-même, bien que vous soyez venu à une saison trop avancée pour jouir de toutes les beautés de la nature. »

Stapleton avait renoncé à sa poursuite et retournait vers nous, essoufflé, et le teint coloré par la course.

« Eh bien, Béryl ? » dit-il.

Il me sembla que le ton de cette interpellation manquait de cordialité.

« Vous avez bien chaud, Jack.

— Oui ; je poursuivais un cyclopelte. Ils sont très rares, surtout à la fin de l’automne. Quel malheur de n’avoir pu l’attraper ! »