Page:Doyle Chien des Baskerville.djvu/202

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nous coûte votre sortie du château ! Mais par Dieu ! si sir Henry est mort, nous le vengerons ! »

En aveugles, nous marchions dans l’obscurité, trébuchant contre les quartiers de roches, escaladant les collines, dégringolant les pentes, dans la direction des appels déchirants que nous avions entendus.

Du haut de chaque sommet, Holmes regardait avidement autour de lui ; mais l’ombre était épaisse sur la lande et rien ne bougeait sur cette immense solitude.

Holmes me demanda :

« Apercevez-vous quelque chose, Watson ?

— Non, rien.

— Écoutez !

Sur notre gauche, on avait poussé un faible gémissement.

De ce côté, une ligne de rochers formait une sorte de falaise, surplombant un escarpement parsemé de grosses pierres. Au bas, nous distinguâmes vaguement quelque chose de noir et d’informe.

La face contre terre, un homme gisait sur le sol, la tête repliée sous lui, suivant un angle horrible à voir, les épaules remontées et le corps en boule, dans le mouvement de quelqu’un qui va exécuter un saut périlleux. L’attitude était si grotesque que, sur le moment, je ne pus admettre que le gémissement qui avait appelé notre attention fût un râle d’agonie. Pas une plainte, pas un souffle ne sortait de cette masse noire sur laquelle nous étions penchés.