Page:Doyle Chien des Baskerville.djvu/207

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— Alors, ripostai-je, pourquoi aurait-on lâché ce chien sur la lande, cette nuit ? Je ne présume pas qu’on le laisse continuellement vagabonder. Stapleton l’aura mis en liberté parce qu’il avait de bonnes misons de croire que sir Henry sortirait ce soir.

— Il est plus difficile de répondre à mes points d’interrogation qu’aux vôtres. Nous serons bientôt fixés sur ce qui vous préoccupe, tandis que les questions que je me pose demeureront éternellement un mystère pour nous… En attendant, nous voilà bien embarrassés de ce cadavre. Nous ne pouvons l’abandonner en pâture aux vautours et aux renards.

— Je propose de le placer dans une de ces huttes, jusqu’à ce que nous ayons prévenu la police.

— Accepté, dit Holmes. À nous deux, nous l’y porterons facilement… Mais qui vient là, Watson ?… C’est Stapleton lui-même ! Quelle audace ! Pas un mot qui donne l’éveil… pas un mot, sinon toutes mes combinaisons s’effondreront. »

Sur la lande, une forme indécise s’avançait vers nous ; je distinguais le cercle rouge d’un cigare allumé. Sous la lumière incertaine de la lune, je reconnus la démarche saccadée du naturaliste.

À notre vue, il s’arrêta ; puis, presque aussitôt, il continua son chemin.

« Hé quoi, docteur Watson, vous ici ? fit-il. Vous êtes le dernier homme que je comptais rencontrer à cette heure sur la lande. Mais que vois-je ? Un blessé ! Ce n’est pas ?… Dites-moi vite que ce n’est pas sir Henry ! »