Page:Doyle Chien des Baskerville.djvu/23

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cours de mes sorties nocturnes, je n’avais jamais aperçu d’être fantastique ni entendu d’aboiements de chien. Il renouvela maintes fois cette dernière question — et toujours d’une voix vibrante d’émotion.

« Je me souviens parfaitement d’un incident qui a précédé sa mort de quelques semaines. Un soir, j’arrivai au château en voiture. Par hasard, sir Charles se trouvait sur sa porte. J’étais descendu de mon tilbury et je lui faisais face. Tout à coup ses regards passèrent par-dessus mon épaule et j’y lus aussitôt une expression de terreur. Je me retournai juste à temps pour distinguer confusément, au détour de la route, quelque chose que je pris pour un énorme veau noir.

« Cette apparition émut tellement sir Charles qu’il courut à l’endroit où il avait vu l’animal et qu’il le chercha partout des yeux. Mais la bête avait disparu. Cet incident produisit une déplorable impression sur son esprit.

« Je passai toute la soirée avec lui, et ce fut pour expliquer l’émotion ressentie qu’il confia à ma garde l’écrit que je vous ai lu. Ce petit épisode n’a d’importance que par la tragédie qui a suivi ; sur le moment, je n’y en attachai aucune et je jugeai puérile l’exaltation de mon ami.

« Enfin, sur mes instances, sir Charles se décida à partir pour Londres. Le cœur était atteint, et la constante angoisse qui le poignait — quelque chimérique qu’en fût la cause — avait une répercussion sur sa santé. Je pensais que les distractions de la