Page:Doyle Chien des Baskerville.djvu/80

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La voiture s’engagea dans un chemin de traverse.

Nous gravîmes ainsi des sentiers abrupts, bordés de hauts talus tapissés de mousse et de scolopendres, où, pendant des siècles, le passage des roues avait creusé de profondes ornières. Des fougères rouillées par la rosée, des ronces aux baies sanglantes étincelaient aux derniers feux du soleil.

Nous franchîmes un petit pont de granit et nous côtoyâmes un ruisseau qui fuyait rapidement sur un lit de cailloux grisâtres. La route et le ruisseau suivaient une vallée plantée de chênes rabougris et de sapins étiques.

Baskerville saluait chaque tournant du chemin par une exclamation de surprise. Tout lui semblait beau, tandis que j’éprouvais une indéfinissable tristesse à l’aspect de cette campagne qui portait les stigmates irrécusables de l’hiver déjà prochain.

Tout à coup Mortimer s’écria :

« Regardez donc ça ! »

Une petite colline, une sorte d’éperon formé par la lande et s’avançant dans la vallée, se dressait devant nous. Sur la cime, semblable à une statue équestre, nous aperçûmes un soldat à cheval, le fusil appuyé sur son bras gauche, prêt à faire feu. Il gardait la route par laquelle nous arrivions.

« Que signifie ceci, Perkins ? » demanda Mortimer au cocher.

Celui-ci se retourna à demi sur son siège.

« Un condamné s’est échappé, il y a trois jours, de la prison de Princetown. On a placé des sentinelles sur tous les chemins et dans toutes les gares.