Page:Doyle Chien des Baskerville.djvu/82

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serra plus étroitement autour de lui les pans de son manteau.

Maintenant, les plaines fertiles s’étendaient derrière et au-dessous de nous.

Nous voulûmes les contempler une dernière fois. Les rayons obliques du soleil abaissés sur l’horizon teintaient d’or les eaux du ruisseau et faisaient briller la terre rouge fraîchement remuée par le soc de la charrue.

Devant nous, la route, avec ses pentes rudes parsemées d’énormes rochers roussâtres, prenait un aspect de plus en plus sauvage.

De loin en loin, nous passions près d’un cottage, construit et couvert en pierres, dont aucune plante grimpante n’atténuait la rigidité des lignes.

Soudain, nous vîmes une dépression de terrain, ayant la forme d’un entonnoir, où croissaient des chênes entr’ouverts, ainsi que des sapins échevelés et tordus par des siècles de rafale.

Deux hautes tours effilées pointaient au-dessus des arbres.

Le cocher les désigna avec son fouet.

« Le château de Baskerville », dit-il.

Les joues empourprées, les yeux enflammés, sir Henry s’était levé et regardait.

Quelques minutes après, nous atteignîmes la grille du château, enchâssée dans des piliers rongés par le temps, mouchetés de lichens et surmontés de têtes de sangliers, armes de Baskerville.

Le pavillon du portier n’était plus qu’une ruine de granit noir au-dessus de laquelle s’enchevêtrait un