Page:Doyle Souvenirs de Sherlock Holmes.djvu/140

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les prisonniers. Le Gloria Scott avait fait en Chine le commerce du blé, mais c’était un vieux bateau et les nouveaux l’avaient supplanté. Il jaugeait cinq cents tonnes, et, outre ses trente-huit oiseaux de geôle, portait, quand nous mîmes à la voile à Falmouth, vingt-six hommes d’équipage, dix-huit soldats, un capitaine, trois quartiers-maîtres, un médecin, un aumônier et quatre gardes-chiourme ; en tout près de cent personnes.

« Les cloisons qui séparaient nos cellules, au lieu d’être en chêne épais comme dans les navires qui transportent des prisonniers, étaient minces et légères. Mon voisin, du côté de l’arrière, était un de ceux que j’avais remarqués, quand on nous avait amenés sur le quai. C’était un jeune homme imberbe, au teint clair, au nez mince et allongé, aux mâchoires assez fortes. Il portait la tête haute, avait une démarche fière, et était surtout remarquable par sa grande stature d’au moins six pieds et demi. Aucun de nous ne lui serait arrivé à l’épaule. Il était surprenant de voir, au milieu de toutes ces figures tristes et abattues, ce visage plein d’énergie et de résolution. La vue de ce compagnon me parut aussi réconfortante qu’au voyageur perdu dans une tourmente de neige l’apparition soudaine d’un grand feu. Je me sentais donc ravi d’avoir ce voisin ; et je le fus encore bien plus, lorsque, dans le silence de la nuit, j’entendis tout près de moi un murmure ;