Page:Doyle Souvenirs de Sherlock Holmes.djvu/149

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jaillir un épais nuage de fumée noire qui s’épanouit sur le ciel, comme un arbre gigantesque. Quelques secondes après, un bruit de roulement de tonnerre parvint jusqu’à nous, et, quand la fumée se fut dissipée, nous ne vîmes plus rien du Gloria Scott. Virant aussitôt de bord, nous fîmes force de rames vers l’endroit où une légère vapeur, traînant sur l’eau, restait le seul indice de cette terrible catastrophe !

« Il nous fallut une heure pour atteindre le lieu du naufrage et nous pensions même arriver trop tard pour sauver quelqu’un. Une embarcation brisée, de nombreuses caisses et des morceaux de bois ballottés par la houle indiquaient seuls l’endroit où le navire avait coulé ; mais on n’apercevait rien de vivant ; bref, en désespoir de cause, nous allions nous éloigner, lorsque nous vîmes à quelque distance une épave qui supportait un homme étendu. Nous le hissâmes à bord : c’était un matelot nommé Hudson, si brûlé, et si épuisé qu’il ne put nous raconter la catastrophe que le lendemain matin. Il paraît qu’aussitôt après notre départ, Bendergast et sa bande se mirent en mesure d’exécuter leur tâche en massacrant les cinq prisonniers qui restaient ; les deux gardes-chiourme furent tués à coups de feu et jetés par-dessus bord, ainsi que le troisième maître. Puis Bendergast descendit dans l’entrepont et, de ses propres mains, coupa la