Page:Doyle Souvenirs de Sherlock Holmes.djvu/159

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sieur. Je ne sais plus où j’en suis ; mon existence est brisée.

— Vous vous adressez alors à moi comme détective consultant ?

— Non seulement comme détective, mais comme homme sensé, comme homme du monde. J’ai besoin que vous me traciez une ligne de conduite. Dieu veuille que vous le puissiez !

Il parlait d’une voix saccadée, par phrases hachées et rapides ; il semblait que parler même fût une souffrance, et qu’il lui fallût une grande force de volonté pour dominer ses nerfs.

— Ce que j’ai à vous dire est bien délicat. On n’aime pas d’habitude mêler des étrangers à ses affaires personnelles et il est bien triste d’avoir à discuter la conduite de sa femme avec deux personnes qu’on ne connaît pas. C’est pourtant la pénible nécessité à laquelle je suis réduit, me trouvant au bout de mon rouleau, il me faut à tout prix un conseil.

— Mon cher monsieur Grant Munro…, commença Holmes.

Notre visiteur sauta sur sa chaise.

— Quoi ! s’écria-t-il. Vous savez mon nom ?

— Si vous désirez garder l’incognito, dit Holmes en souriant, je vous conseille de ne plus écrire votre nom à l’intérieur de votre chapeau, ou au moins de ne pas tourner votre couvre-chef du côté de vos interlocuteurs. Ce que je puis vous