Page:Doyle Souvenirs de Sherlock Holmes.djvu/168

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convaincue que je me serais évanouie, si je n’étais pas sortie. Je suis restée quelques minutes devant la porte et maintenant je suis tout à fait remise.

« Pendant ce récit, elle ne me regarda pas une seule fois en face et sa voix était toute changée. Il était évident qu’elle ne disait pas la vérité. Je ne répondis rien, mais je me tournai contre le mur, désespéré, agité de mille soupçons et de doutes terribles. Que me cachait donc ma femme ? Que signifiait cette étrange expédition ? Je sentais que je n’aurais plus de repos que je n’aie découvert cette énigme, et pourtant je me refusais à questionner de nouveau ma femme, puisqu’elle avait trouvé bon de mentir. Tout le reste de la nuit je fus agité, échafaudant des explications toutes plus invraisemblables les unes que les autres.

« Je devais aller à la Cité, ce jour-là, mais j’avais l’esprit trop troublé pour pouvoir m’occuper d’affaires. Ma femme semblait tout aussi bouleversée que moi ; je voyais bien à ses regards interrogateurs qu’elle sentait que son histoire n’avait pas pris et qu’elle ne savait à quel saint se vouer. Nous n’échangeâmes pour ainsi dire aucune parole pendant le déjeuner, et aussitôt après je sortis, pour respirer l’air frais du matin, et tout en marchant je réfléchissais à mon aise.