Page:Doyle Souvenirs de Sherlock Holmes.djvu/223

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tocratique, mince, au nez busqué, aux yeux très grands, avec des manières nonchalantes, bien que parfaitement correctes. C’était, en effet, le rejeton d’une des plus anciennes familles du royaume ; il appartenait à la branche cadette qui, séparée des Musgraves du Nord vers le xvie siècle, s’était établie dans la partie ouest du Sussex, au manoir d’Hurlstone, peut-être l’une des habitations les plus anciennes du comté. Il semblait avoir conservé quelque empreinte du lieu de sa naissance, et je n’ai jamais pu regarder sa figure pâle et allongée, ni observer son port spécial de tête, sans penser immédiatement à des ogives verdies par la mousse, à des fenêtres carrelées et grillées, en un mot à tous les débris vénérables d’une vieille demeure féodale. De temps à autre, nous avions eu l’occasion de causer ensemble et je me rappelle que mes procédés d’observation et de déduction semblaient l’intéresser vivement.

Depuis quatre ans je ne l’avais pas revu, lorsqu’un matin il vint frapper à ma porte, dans Hill Street. Il n’avait guère changé, portait des vêtements à la dernière mode (il avait toujours aimé l’élégance) et avait conservé ses mêmes manières posées et charmantes qui le caractérisaient autrefois.

« — Qu’êtes-vous devenu, Musgrave ? lui demandai-je après avoir échangé avec lui une cordiale poignée de mains.