vaient de base aux poursuites judiciaires dirigées contre les plus courageux de nos écrivains. Nous possédons environ trois ou quatre cents analyses de ce genre dont on attribue la rédaction à M. l’abbé Mutin, chef de division au ministère de l’intérieur. Ces travaux avaient pour but de suppléer à l’incurie ou à la modération de certains membres du parquet. M. Mutin rendait un compte étendu de tous les ouvrages ayant quelque importance, signalait leur tendance, en marquait les passages dangereux, et, savait faire sortir, de quelques lignes, les motifs d’une grave condamnation. Cette besogne achevée était soumise à M. Franchet qui invoquait ordinairement toute la sévérité des lois contre le malheureux auteur du livre dénoncé par M. Mutin. » — Certes les appréciations du censeur n’étaient point tendres à l’égard des écrits qui lui étaient soumis ; on ne saurait cependant, à moins d’être partial, s’empêcher de reconnaître que les réflexions du rédacteur qui les a citées n’étaient guère empreintes de plus de modération. Cette disposition critique s’explique d’ailleurs par l’influence des événements qui venaient de se passer. Pour nous qui secouons, au bout de près de quarante ans, cette poussière de greffe et de procédure, nous nous bornerons à énoncer simplement, avec les titres des écrits censurés, la date des décisions administratives motivées par les rapports de M. l’abbé Mutin.
Nous citons les ouvrages dans l’ordre où les a fait figurer la Gazette littéraire.
Histoire de la Contre-Révolution en Angleterre, par Armand Carrel. — In-8. Paris, 1827. A. Sautelet et Cie.
Dans cet ouvrage l’abbé Mutin avait relevé plusieurs passages contenant l’apologie du régicide et des attaques à la royauté légitime. Par ordre de M. Franchet, il fut envoyé au procureur du roi, le 12 décembre.
Les Soirées de Neuilly, par M. de Fongeray. — Paris, Moutardier, in-8, 1827.
Ce livre, dont l’auteur véritable est le sieur Cavé, l’un des rédacteurs du Globe, se compose de quatre petites comédies intitulées : « Les alliés, une Conspiration de province, les Conversions et les Français en Espagne. » Il était dénoncé comme étant écrit dans un très-mauvais esprit et comme contenant plusieurs passages assez licencieux. De l’aveu même du censeur, cependant, il ne fut point jugé nécessaire de le déférer aux tribunaux.
Scènes contemporaines, par Madame la vicomtesse de Chamilly. In-8 de 335 pp. Paris, chez Urbain Canel, 17 novembre 1827.
