Page:Du Bellay - Œuvres complètes, édition Séché, tome 3.djvu/112

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Tu te puisses aussi de ton Magny vanter.

Tous deux sont Quercinois, tous deux bas d’estature :
Et ne seroyent pas moins semblables d’escriture,
Si Salel avait sceu plus doucement chanter.

CLXI

Prelat, à qui les cieux ce bon heur ont donné,
D’estre agreable aux Rois : Prelat, dont la prudence
Par les degrez d’honneur a mis en evidence
Que pour le bien public Dieu t’avoit ordonné :

Prelat, sur tous prelats sage et bien fortuné,
Prelat, garde des loix, et des seaux de la France,
Digne que sur ta foy repose l’asseurance
D’un Roy le plus grand Roy qui fut onq’ couronné :

Devant que t’avoir veu j’honorois ta sagesse,
Ton sçavoir, ta vertu, ta grandeur, ta largesse,
Et si rien entre nous se doit plus honorer :

Mais ayant esprouvé ta bonté nompareille,
Qui souvent m’a presté si doucement l’oreille,
Je souhaitte qu’un jour je te puisse adorer.

CLXII

Après s’estre basti sur les murs de Carthage
Un sepulchre eternel, Scipion irrité
De voir à sa vertu ingrate sa cité,
Se bannit de soy-mesme en un petit village.

Tu as fait, Olivier, mais d’un plus grand courage,
Ce que fit Scipion en son adversité,
Laissant, durant le cours de ta felicité,
La Court, pour vivre à toy le reste de ton âge.

Le bruit de Scipion maint corsaire attiroit
Pour contempler celuy que chascun admiroit,
Bien qu’il fust retiré en son petit Linterne.

On te fait le semblable : admirant ta vertu
D’avoir laissé la Court, et ce monstre testu,
Ce peuple qui ressemble à la beste de Lerne.