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savons-nous, ses écrits étant les documents les plus anciens qui nous restent sur cette science ? Mais il n’en est pas moins un génie supérieur.

Ces considérations générales étant données, il est temps que nous entrions en matière.

La première idée de l’Irritabilité se trouve dans le Sankhya de Kapila, philosophe sensualiste de l’Inde[1] ; surtout dans deux branches de sa philosophie, les Tscharvakas et les Lokayaticas : c’est tout au plus si l’on peut dire qu’elle y est à l’état d’ébauche.

La sensibilité pour Kapila, vient de la réunion des éléments ; (eau, air, feu, terre) : le principe vital, l’âme, est la résultante des propriétés réunies de ces éléments.

Est-il possible d’émettre et de développer une semblable théorie, sans avoir l’esprit fixé vers un principe qui fait que les organes ressentent l’action des causes ? N’importe le nom qu’on lui ait donné, ne reste-t-il pas toujours le même ?

Nous ajouterons que Broussais était loin peut-être de se douter, lorsqu’il jeta les bases de sa doctrine, que son principe intracrânien, qu’il donne comme quelque chose de nouveau, avait été entrevu bien des siècles avant lui par Kapila, qui place l’âme au-dessous du crâne.

Au premier abord on pourrait s’étonner de nous voir invoquer l’autorité d’un philosophe, lorsque nous traitons une question médicale.

  1. Colebrooke. — Essais, tome 1er , p. 245 et V. Cousin, Histoire de la philosophie, p. 52 et suiv.