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GABRIEL LAMBERT.

Rossignol et son compagnon surtout paraissaient apprécier au plus haut degré cette bonne fortune.

Ajoutons que le garde-chiourme, de son côté, s’était humanisé au point de faire comme ses subordonnés : seulement ses subordonnés avaient une bouteille pour deux, tandis que lui avait deux bouteilles pour un.

Quant à celui que l’argousin avait désigné sous le nom poétique de Gabriel, sans doute son compagnon de boulet, qui n’avait pas voulu renoncer au repas, l’avait forcé de s’asseoir avec les autres ; mais, toujours en proie à son accès de misanthropie, il les regardait dédaigneusement manger sans toucher à rien.

En m’apercevant, tous les forçats se levèrent, quoique, comme je l’ai dit, leur repas ne fût point achevé ; mais je leur fis signe de finir ce qu’ils avaient si bien commencé, et que j’attendrais.

Il n’y avait plus moyen pour celui que je voulais voir d’éviter mes regards.

Je l’examinai donc tout à mon aise, quoiqu’il eût évidemment rabattu son bonnet jusque sur ses yeux pour échapper à cet examen.