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L’ALLÉE DE LA MUETTE.

nativement, comme s’il eût pu deviner les coups que celui-ci allait lui porter.

Il avait véritablement, comme il l’avait dit, un sang-froid terrible.

La sueur de l’impuissance et de la fatigue coulait sur le front de M. de Faverne ; les muscles de son cou et de ses bras se gonflaient comme des cordes, mais sa main se fatiguait visiblement, et l’on comprenait que si l’épée n’était maintenue à son poignet par le foulard, à la première attaque un peu vive de son adversaire son épée lui tomberait des mains.

Olivier, au contraire, continuait de jouer avec la sienne.

Nous regardions en silence ce jeu terrible, dont il nous était facile de deviner le résultat d’avance. Comme l’avait dit Olivier, on pouvait deviner que M. de Faverne était un homme perdu.

Enfin au bout d’un instant un sourire plus caractérisé se dessina sur les lèvres d’Olivier ; à son tour il simula un ou deux coups, puis un éclair passa dans ses yeux, il se fendit, et d’un simple dégagement, mais si serré, si vif, que nous ne pûmes pas le suivre des yeux,