Page:Dumas - La Reine Margot (1886), tome 2.djvu/49

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et l’on pouvait voir, à cheval comme eux et causant avec eux, un autre homme vêtu d’un long manteau brun et le front ombragé d’un chapeau à la française.

— Ah ! ah ! dit Charles en souriant, je m’en doutais.

— Eh ! sire, dit Henri, je ne me trompe pas, ce cavalier au manteau brun, c’est le duc d’Anjou.

— Lui-même, dit Charles IX. Range-toi un peu, Henriot, je désire qu’il ne nous voie pas.

— Mais, demanda Henri, les hommes aux manteaux grisâtres et aux bonnets fourrés quels sont-ils ? et dans ce chariot qu’y a-t-il ?

— Ces hommes, dit Charles, ce sont les ambassadeurs polonais, et dans ce chariot il y a une couronne. Et maintenant, continua-t-il en mettant son cheval au galop et en reprenant le chemin de la porte du Temple, viens, Henriot, j’ai vu tout ce que je voulais voir.





VI

la rentrée au louvre.


Lorsque Catherine pensa que tout était fini dans la chambre du roi de Navarre, que les gardes morts étaient enlevés, que Maurevel était transporté chez lui, que les tapis étaient lavés, elle congédia ses femmes, car il était minuit à peu près, et elle essaya de dormir. Mais la secousse avait été trop violente et la déception trop forte. Ce Henri détesté, échappant éternellement à ses embûches d’ordinaire mortelles, semblait protégé par quelque puissance invincible que Catherine s’obstinait à appeler hasard, quoique au fond de son cœur une voix lui dît que le véritable nom de cette puissance fût la destinée. Cette idée, que le bruit de cette nouvelle tentative, en se répandant dans le Louvre et hors du Louvre, allait donner à Henri et aux huguenots une plus grande confiance encore dans l’avenir, l’exaspérait, et en ce