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IX

LE SOIR DES FIANÇAILLES.

Villefort, comme nous l’avons dit, avait repris le chemin de la place du Grand-Cours, et en rentrant dans la maison de madame de Saint-Méran, il trouva les convives qu’il avait laissés à table passés au salon et prenant le café.

Renée l’attendait avec une impatience qui était partagée par tout le reste de la société. Aussi fut-il accueilli par une exclamation générale.

— Eh bien ! trancheur de têtes, soutien de l’État, Brutus royaliste ! s’écria l’un, qu’y a-t-il ? voyons !

— Eh bien ! sommes-nous menacés d’un nouveau régime de la Terreur ? demanda l’autre.

— L’ogre de Corse serait-il sorti de sa caverne ? demanda un troisième.

— Madame la marquise, dit Villefort s’approchant de sa future belle-mère, je viens vous prier de m’excuser si je suis forcé de vous quitter ainsi… Monsieur le marquis, pourrais-je avoir l’honneur de vous dire deux mots en particulier ?

— Ah ! mais c’est donc réellement grave ? demanda la marquise en remarquant le nuage qui obscurcissait le front de Villefort.

— Si grave que je suis forcé de prendre congé de vous pour quelques jours ; ainsi, continua-t-il en se tournant vers Renée, voyez s’il faut que la chose soit grave.