Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 1.djvu/271

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— Je n’ai gardé si longtemps le secret avec vous, continua Faria, d’abord que pour vous éprouver, et ensuite pour vous surprendre ; si nous nous fussions évadés avant mon accès de catalepsie, je vous conduisais à Monte-Cristo ; maintenant, ajouta-t-il avec un soupir, c’est vous qui m’y conduirez. Eh bien ! Dantès, vous ne me remerciez pas ?

— Ce trésor vous appartient, mon ami, dit Dantès, il appartient à vous seul, et je n’y ai aucun droit : je ne suis point votre parent.

— Vous êtes mon fils, Dantès ! s’écria le vieillard, vous êtes l’enfant de ma captivité ; mon état me condamnait au célibat : Dieu vous a envoyé à moi pour consoler à la fois l’homme qui ne pouvait être père et le prisonnier qui ne pouvait être libre.

Et Faria tendit le bras qui lui restait au jeune homme qui se jeta à son cou en pleurant.



XIX

LE TROISIÈME ACCÈS.

Maintenant que ce trésor qui avait été si longtemps l’objet des méditations de l’abbé pouvait assurer le bonheur à venir de celui que Faria aimait véritablement comme son fils, il avait encore doublé de valeur à ses yeux ; tous les jours il s’appesantissait sur la quotité de ce trésor expliquant à Dantès tout ce qu’avec treize ou quatorze millions de fortune un homme dans nos temps modernes pouvait faire de bien à ses amis ; et alors le visage de Dantès se rembrunissait, car le serment de