Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 4.djvu/109

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compte ; mais il n’en est pas moins vrai que vous avez reçu cinq cent milles livres cette année.

— Eh bien ! après ? monsieur.

— Ah ! oui, après ! Eh bien ! c’est justement après cela que la chose se gâte.

— Vous avez des façons de dire… en vérité…

— Elles rendent mon idée, c’est tout ce qu’il me faut… Après, c’était il y a trois jours cet après-là. Il y a trois jours donc, vous avez causé politique avec M. Debray, et vous croyez voir dans ces paroles que don Carlos est rentré en Espagne ; alors je vends ma rente, la nouvelle se répand, il y a panique, je ne vends plus, je donne ; le lendemain, il se trouve que la nouvelle était fausse, et qu’à cette fausse nouvelle j’ai perdu sept cent mille francs.

— Eh bien ?

— Eh bien ! puisque je vous donne un quart quand je gagne, c’est donc un quart que vous me devez quand je perds ; le quart de sept cent mille francs, c’est cent soixante-quinze mille francs.

— Mais ce que vous me dites là est extravagant, et je ne vois pas, en vérité, comment vous mêlez le nom de M. Debray à toute cette histoire.

— Parce que si vous n’avez point par hasard les cent soixante-quinze mille francs que je réclame, vous les emprunterez à vos amis, et que M. Debray est de vos amis.

— Fi donc ! s’écria la baronne.

— Oh ! pas de gestes, pas de cris, pas de drame moderne, madame, sinon vous me forceriez à vous dire que je vois d’ici M. Debray ricanant près des cinq cent mille livres que vous lui avez comptées cette année, et se disant qu’il a enfin trouvé ce que les plus habiles joueurs n’ont pu jamais découvrir, c’est-à-dire une roulette où