Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 4.djvu/152

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vous voudriez vous couper la gorge avec moi ; d’ailleurs, je ne sais pas si j’irai moi-même.

— Où ?

— À votre bal.

— Pourquoi n’y viendrez-vous point ?

— D’abord parce que vous ne m’avez pas encore invité.

— Je viens exprès pour vous apporter votre invitation moi-même.

— Oh ! c’est trop charmant ; mais je puis en être empêché.

— Quand je vous aurai dit une chose, vous serez assez aimable pour nous sacrifier tous les empêchements.

— Dites.

— Ma mère vous en prie.

— Madame la comtesse de Morcerf ? reprit Monte-Cristo en tressaillant.

— Ah ! comte, dit Albert, je vous préviens que madame de Morcerf cause librement avec moi ; et si vous n’avez pas senti craquer en vous ces fibres sympathiques dont je vous parlais tout à l’heure, c’est que ces fibres-là vous manquent complètement, car pendant quatre jours nous n’avons parlé que de vous.

— De moi ? En vérité vous me comblez !

— Écoutez, c’est le privilège de votre emploi : quand on est un problème vivant.

— Ah ! je suis donc aussi un problème pour votre mère ? En vérité, je l’aurais crue trop raisonnable pour se livrer à de pareils écarts d’imagination !

— Problème, mon cher comte, problème pour tous, pour ma mère comme pour les autres ; problème accepté, mais non deviné, vous demeurez toujours à l’état d’énigme : rassurez-vous. Ma mère seulement demande