Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 4.djvu/165

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dix heures ; au cinquième coup, la porte s’ouvrit, et lord Wilmore parut.

Lord Wilmore était un homme plutôt grand que petit, avec des favoris rares et roux, le teint blanc et les cheveux blonds grisonnants. Il était vêtu avec toute l’excentricité anglaise, c’est-à-dire qu’il portait un habit bleu à boutons d’or et à haut collet piqué, comme on les portait en 1811 ; un gilet de casimir blanc et un pantalon de nankin de trois pouces trop court, mais que des sous-pieds de même étoffe empêchaient de remonter jusqu’aux genoux.

Son premier mot en entrant fut :

— Vous savez, monsieur, que je ne parle pas français.

— Je sais, du moins, que vous n’aimez pas à parler notre langue, répondit l’envoyé de M. le préfet de police.

— Mais vous pouvez la parler, vous, reprit lord Wilmore, car, si je ne la parle pas, je la comprends.

— Et moi, reprit le visiteur en changeant d’idiome, je parle assez facilement l’anglais pour soutenir la conversation dans cette langue. Ne vous gênez donc pas, monsieur.

— Hao ! fit lord Wilmore avec cette intonation qui n’appartient qu’aux naturels les plus purs de la Grande-Bretagne.

L’envoyé du préfet de police présenta à lord Wilmore sa lettre d’introduction. Celui-ci la lut avec un flegme tout anglican ; puis, lorsqu’il eut terminé sa lecture :

— Je comprends, dit-il en anglais ; je comprends très bien.

Alors commencèrent les interrogations.

Elles furent à peu près les mêmes que celles qui avaient été adressées à l’abbé Busoni. Mais comme lord