Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 4.djvu/166

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Wilmore, en sa qualité d’ennemi du comte de Monte-Cristo, n’y mettait pas la même retenue que l’abbé, elles furent beaucoup plus étendues ; il raconta la jeunesse de Monte-Cristo, qui, selon lui, était, à l’âge de dix ans, entré au service d’un de ces petits souverains de l’Inde qui font la guerre aux Anglais ; c’est là qu’il l’avait, lui Wilmore, rencontré pour la première fois, et qu’ils avaient combattu l’un contre l’autre. Dans cette guerre, Zaccone avait été fait prisonnier, avait été envoyé en Angleterre, mis sur les pontons, d’où il s’était enfui à la nage. Alors avaient commencé ses voyages, ses duels, ses passions ; alors était arrivée l’insurrection de Grèce, et il avait servi dans les rangs des Grecs. Tandis qu’il était à leur service, il avait découvert une mine d’argent dans les montagnes de la Thessalie, mais il s’était bien gardé de parler de cette découverte à personne. Après Navarin, et lorsque le gouvernement grec fut consolidé, il demanda au roi Othon un privilège d’exploitation pour cette mine ; ce privilège lui fut accordé. De là cette fortune immense qui pouvait, selon lord Wilmore, monter à un ou deux millions de revenu, fortune qui, néanmoins, pouvait tarir tout à coup, si la mine elle-même tarissait.

— Mais, demanda le visiteur, savez-vous pourquoi il est venu en France ?

— Il veut spéculer sur les chemins de fer, dit lord Wilmore ; et puis, comme il est chimiste habile et physicien non moins distingué, il a découvert un nouveau télégraphe dont il poursuit l’application.

— Combien dépense-t-il à peu près par an ? demanda l’envoyé de M. le préfet de police.

— Oh ! cinq ou six cent mille francs, tout au plus, dit lord Wilmore ; il est avare.

Il était évident que la haine faisait parler l’Anglais, et