Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 4.djvu/21

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

L’exercice, depuis six ans que Noirtier était tombé dans le fâcheux état où il se trouvait, lui avait rendu les épreuves si faciles, qu’elle devinait aussi vite la pensée du vieillard que si lui-même eût pu chercher dans le dictionnaire.

Au mot notaire, Noirtier fit signe de s’arrêter.

Notaire, dit-elle ; tu veux un notaire, bon papa ?

Le vieillard fit signe que c’était effectivement un notaire qu’il désirait.

— Il faut donc envoyer chercher un notaire ? demanda Valentine.

— Oui, fit le paralytique.

— Mon père doit-il le savoir ?

— Oui.

— Es-tu pressé d’avoir ton notaire ?

— Oui.

— Alors on va te l’envoyer chercher tout de suite, cher père. Est-ce tout ce que tu veux ?

— Oui.

Valentine courut à la sonnette et appela un domestique pour le prier de faire venir M. ou madame de Villefort chez le grand-père.

— Es-tu content ? dit Valentine ; oui… je le crois bien : hein ? ce n’était pas facile à trouver, cela ?

Et la jeune fille sourit à l’aïeul comme elle eût pu faire à un enfant.

M. de Villefort entra ramené par Barrois.

— Que voulez-vous, Monsieur ? demanda-t-il au paralytique.

— Monsieur, dit Valentine, mon grand-père désire un notaire.

À cette demande étrange et surtout inattendue, M. de Villefort échangea un regard avec le paralytique.