Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 4.djvu/224

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tronc d’un sycomore qui faisait le centre d’un massif ; là il fut forcé de s’arrêter.

Bientôt le sable cessa de crier sous les pas des deux promeneurs.

— Ah ! cher docteur, dit le procureur du roi, voici le ciel qui se déclare décidément contre notre maison. Quelle horrible mort ! quel coup de foudre ! N’essayez pas de me consoler ; hélas ! la plaie est trop vive et trop profonde ! Morte ! morte !

Une sueur froide glaça le front du jeune homme et fit claquer ses dents. Qui donc était mort dans cette maison que Villefort lui-même disait maudite ?

— Mon cher monsieur de Villefort, répondit le médecin avec un accent qui redoubla la terreur du jeune homme, je ne vous ai point amené ici pour vous consoler, tout au contraire.

— Que voulez-vous dire ? demanda le procureur du roi, effrayé.

— Je veux dire que, derrière le malheur qui vient de vous arriver, il en est un autre plus grand encore peut-être.

— Oh ! mon Dieu ! murmura Villefort en joignant les mains, qu’allez-vous me dire encore ?

— Sommes-nous bien seuls, mon ami ?

— Oh ! oui, bien seuls. Mais que signifient toutes ces précautions ?

— Elles signifient que j’ai une confidence terrible à vous faire, dit le docteur : asseyons-nous.

Villefort tomba plutôt qu’il ne s’assit sur un banc. Le docteur resta debout devant lui, une main posée sur son épaule. Morrel, glacé d’effroi, tenait d’une main son front, de l’autre comprimait son cœur, dont il craignait qu’on entendît les battements.