Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 4.djvu/238

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— C’est selon.

Maximilien comprit.

— Mademoiselle, dit-il, vous avez un devoir sacré à remplir dans la chambre de votre aïeule ; voulez-vous me permettre d’avoir l’honneur de causer un instant avec M. Noirtier ?

— Oui, oui, c’est cela, fit l’œil du vieillard.

Puis il regarda Valentine avec inquiétude.

— Comment il fera pour te comprendre, veux-tu dire, bon père ?

— Oui.

— Oh ! sois tranquille ; nous avons si souvent parlé de toi, qu’il sait bien comment je te parle.

Puis, se tournant vers Maximilien avec un adorable sourire, quoique ce sourire fût voilé par une profonde tristesse :

— Il sait tout ce que je sais, dit-elle.

Valentine se releva, approcha un siège pour Morrel, recommanda à Barrois de ne laisser entrer personne ; et après avoir embrassé tendrement son grand-père et dit adieu tristement à Morrel, elle partit.

Alors Morrel, pour prouver à Noirtier qu’il avait la confiance de Valentine et connaissait tous leurs secrets, prit le dictionnaire, la plume et le papier, et plaça le tout sur une table où il y avait une lampe.

— Mais d’abord, dit Morrel, permettez-moi, monsieur, de vous raconter qui je suis, comment j’aime mademoiselle Valentine, et quels sont mes desseins à son égard.

— J’écoute, fit Noirtier.

C’était un spectacle assez imposant que ce vieillard, inutile fardeau en apparence, et qui était devenu le seul protecteur, le seul appui, le seul juge de deux amants jeunes, beaux, forts, et entrant dans la vie.