Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 4.djvu/313

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Et, pour la seconde fois, Haydée s’arrêta vaincue par une émotion telle que la sueur coulait de son front pâli, et que sa voix étranglée semblait ne pouvoir franchir son gosier aride.

Monte-Cristo versa un peu d’eau glacée dans un verre, et le lui présenta en disant avec une douceur où perçait une nuance de commandement :

— Du courage, ma fille !

Haydée essuya ses yeux et son front, et continua :

— Pendant ce temps, nos yeux, habitués à l’obscurité, avaient reconnu l’envoyé du pacha : c’était un ami.

Sélim l’avait reconnu ; mais le brave jeune homme ne savait qu’une chose : obéir !

— En quel nom viens-tu ? dit-il.

— Je viens au nom de notre maître, Ali-Tebelin.

— Si tu viens au nom d’Ali, tu sais ce que tu dois me remettre ?

— Oui, dit l’envoyé, et je t’apporte son anneau.

En même temps il éleva sa main au-dessus de sa tête ; mais il était trop loin et il ne faisait pas assez clair pour que Sélim pût, d’où nous étions, distinguer et reconnaître l’objet qu’il lui présentait.

— Je ne vois pas ce que tu tiens, dit Sélim.

— Approche, dit le messager, ou je m’approcherai, moi.

— Ni l’un ni l’autre, répondit le jeune soldat ; dépose à la place où tu es, et sous ce rayon de lumière, l’objet que tu me montres, et retire-toi jusqu’à ce que je l’aie vu.

— Soit, dit le messager.

Et il se retira après avoir déposé le signe de reconnaissance à l’endroit indiqué.

Et notre cœur palpitait ; car l’objet nous paraissait être