Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 5.djvu/103

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— À moins que ce ne soit de vous, qu’ai-je à craindre ?

— Si tu rentres chez toi sain et sauf, quitte Paris, quitte la France, et partout où tu seras, tant que tu te conduiras honnêtement, je te ferai passer une petite pension ; car si tu rentres chez toi sain et sauf, eh bien ! …

— Eh bien ? demanda Caderousse en frémissant.

— Eh bien ! je croirai que Dieu t’a pardonné, et je te pardonnerai aussi.

— Vrai comme je suis chrétien, balbutia Caderousse en reculant, vous me faites mourir de peur !

— Allons, va-t’en ! dit le comte en montrant du doigt la fenêtre à Caderousse.

Caderousse, encore mal rassuré par cette promesse, enjamba la fenêtre et mit le pied sur l’échelle.

Là, il s’arrêta tremblant.

— Maintenant descends, dit l’abbé en se croisant les bras.

Caderousse commença de comprendre qu’il n’y avait rien à craindre de ce côté, et descendit.

Alors le comte s’approcha avec la bougie, de sorte qu’on put distinguer des Champs-Élysées cet homme qui descendait d’une fenêtre éclairé par un autre homme.

— Que faites-vous donc, monsieur l’abbé ? dit Caderousse ; s’il passait une patrouille…

Et il souffla la bougie. Puis il continua de descendre ; mais ce ne fut que lorsqu’il sentit le sol du jardin sous son pied qu’il fut suffisamment rassuré.

Monte-Cristo rentra dans sa chambre à coucher, et jetant un coup d’œil rapide du jardin à la rue, il vit d’abord Caderousse qui, après être descendu, faisait un détour dans le jardin et allait planter son échelle à l’extrémité de la muraille, afin de sortir à une autre place que celle par laquelle il était entré.