Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 5.djvu/116

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elle commençait à éprouver pour Andrea une visible répulsion.

Peut-être le baron s’en était-il aperçu ; mais comme il ne pouvait attribuer cette répulsion qu’à un caprice, il avait fait semblant de ne pas s’en apercevoir.

Cependant le délai demandé par Beauchamp était presque écoulé. Au reste, Morcerf avait pu apprécier la valeur du conseil de Monte-Cristo, quand celui-ci lui avait dit de laisser tomber les choses d’elles-mêmes ; personne n’avait relevé la note sur le général, et nul ne s’était avisé de reconnaître dans l’officier qui avait livré le château de Janina le noble comte siégeant à la Chambre des pairs.

Albert ne s’en trouvait pas moins insulté, car l’intention de l’offense était bien certainement dans les quelques lignes qui l’avaient blessé. En outre, la façon dont Beauchamp avait terminé la conférence avait laissé un amer souvenir dans son cœur. Il caressait donc dans son esprit l’idée de ce duel, dont il espérait, si Beauchamp voulait bien s’y prêter, dérober la cause réelle, même à ses témoins.

Quant à Beauchamp on ne l’avait pas revu depuis le jour de la visite qu’Albert lui avait faite ; et à tous ceux qui le demandaient, on répondait qu’il était absent pour un voyage de quelques jours.

Où était-il ? personne n’en savait rien.

Un matin, Albert fut réveillé par son valet de chambre, qui lui annonça Beauchamp.

Albert se frotta les yeux, ordonna que l’on fit attendre Beauchamp dans le petit salon fumoir du rez-de-chaussée, s’habilla vivement, et descendit.

Il trouva Beauchamp se promenant de long en large ; en l’apercevant, Beauchamp s’arrêta.