Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 5.djvu/131

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cinq heures ; nous arriverons là-bas à minuit ou une heure.

— Comment ! au Tréport ? …

— Au Tréport ou dans les environs.

— Il ne vous faut que huit heures pour faire quarante-huit lieues ?

— C’est encore beaucoup, dit Monte-Cristo.

— Décidément vous êtes l’homme des prodiges, et vous arriverez non seulement à dépasser les chemins de fer, ce qui n’est pas bien difficile, en France surtout, mais encore à aller plus vite que le télégraphe.

— En attendant, vicomte, comme il nous faut toujours sept ou huit heures pour arriver là-bas, soyez exact.

— Soyez tranquille, je n’ai rien autre chose à faire d’ici là que de m’apprêter.

— À cinq heures, alors.

— À cinq heures.

Albert sortit. Monte-Cristo, après lui avoir en souriant fait un signe de la tête, demeura un instant pensif et comme absorbé dans une profonde méditation. Enfin, passant la main sur son front, comme pour écarter sa rêverie, il alla au timbre et frappa deux coups.

Au bruit des deux coups frappés par Monte-Cristo sur le timbre, Bertuccio entra.

— Maître Bertuccio, dit-il, ce n’est pas demain, ce n’est pas après-demain, comme je l’avais pensé d’abord, c’est ce soir que je pars pour la Normandie ; d’ici à cinq heures, c’est plus de temps qu’il ne vous en faut ; vous ferez prévenir les palefreniers du premier relais ; M. de Morcerf m’accompagne. Allez.

Bertuccio obéit, et un piqueur courut à Pontoise annoncer que la chaise de poste passerait à six heures précises. Le palefrenier de Pontoise envoya au relais suivant