Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 5.djvu/169

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yeux, je le sais bien ; mais mieux vaut qu’elle meure de cela que de mourir de honte.

— Vous êtes bien décidé, Albert ?

— Oui.

— Allez donc ! Mais croyez-vous que nous le trouvions ?

— Il devait revenir quelques heures après moi, et certainement il sera revenu.

Ils montèrent, et se firent conduire avenue des Champs-Élysées, no 30.

Beauchamp voulait descendre seul, mais Albert lui fit observer que cette affaire, sortant des règles ordinaires, lui permettait de s’écarter de l’étiquette du duel.

Le jeune homme agissait dans tout ceci pour une cause si sainte, que Beauchamp n’avait autre chose à faire qu’à se prêter à toutes ses volontés : il céda donc à Morcerf et se contenta de le suivre.

Albert ne fit qu’un bond de la loge du concierge au perron. Ce fut Baptistin qui le reçut.

Le comte venait d’arriver effectivement, mais il était au bain, et avait défendu de recevoir qui que ce fût au monde.

— Mais, après le bain ? demanda Morcerf.

— Monsieur dînera.

— Et après le dîner ?

— Monsieur dormira une heure.

— Ensuite ?

— Ensuite il ira à l’Opéra.

— Vous en êtes sûr ? demanda Albert.

— Parfaitement sûr ; monsieur a commandé ses chevaux pour huit heures précises.

— Fort bien, répliqua Albert ; voilà tout ce que je voulais savoir.

Puis, se retournant vers Beauchamp :

— Si vous avez quelque chose à faire,