Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 5.djvu/18

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irrésolu, vous le voyez, puisque je viens vous sommer de tenir votre promesse.

Danglars ne répondit pas.

— Avez-vous sitôt changé d’avis, ajouta Morcerf, ou n’avez-vous provoqué ma demande que pour vous donner le plaisir de m’humilier ?

Danglars comprit que s’il continuait la conversation sur le ton qu’il l’avait entreprise, la chose pourrait mal tourner pour lui.

— Monsieur le comte, dit-il, vous devez être à bon droit surpris de ma réserve, je comprends cela : aussi, croyez bien que moi, tout le premier, je m’en afflige ; croyez bien qu’elle m’est commandée par des circonstances impérieuses.

— Ce sont là des propos en l’air, mon cher monsieur, dit le comte, et dont pourrait peut-être se contenter le premier venu ; mais le comte de Morcerf n’est pas le premier venu ; et quand un homme comme lui vient trouver un autre homme, lui rappelle la parole donnée, et que cet homme manque sa parole, il a le droit d’exiger en place qu’on lui donne au moins une bonne raison.

Danglars était lâche, mais il ne le voulait point paraître : il fut piqué du ton que Morcerf venait de prendre.

— Aussi n’est-ce pas la bonne raison qui me manque, répliqua-t-il.

— Que prétendez-vous dire ?

— Que la bonne raison, je l’ai, mais qu’elle est difficile à donner.

— Vous sentez cependant, dit Morcerf, que je ne puis me payer de vos réticences ; et une chose, en tous cas, me paraît claire, c’est que vous refusez mon alliance.

— Non, monsieur, dit Danglars, je suspends ma résolution, voilà tout.