Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 5.djvu/21

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

n’avait osé demander si c’était à cause de lui, Morcerf, que Danglars retirait sa parole.

Le soir il eut une longue conférence avec plusieurs amis, et M. Cavalcanti, qui s’était constamment tenu dans le salon des dames, sortit le dernier de la maison du banquier.

Le lendemain, en se réveillant, Danglars demanda les journaux, on les lui apporta aussitôt : il en écarta trois ou quatre et prit l’Impartial.

C’était celui dont Beauchamp était le rédacteur-gérant.

Il brisa rapidement l’enveloppe, l’ouvrit avec une précipitation nerveuse, passa dédaigneusement sur le premier Paris, et, arrivant aux faits divers, s’arrêta avec son méchant sourire sur un entre-filets commençant par ces mots : On nous écrit de Janina.

— Bon, dit-il après avoir lu, voici un petit bout d’article sur le colonel Fernand qui, selon toute probabilité, me dispensera de donner des explications à M. le comte de Morcerf.

Au même moment, c’est-à-dire comme neuf heures du matin sonnaient, Albert de Morcerf, vêtu de noir, boutonné méthodiquement, la démarche agitée et la parole brève, se présentait à la maison des Champs-Élysées.

— M. le comte vient de sortir il y a une demi-heure à peu près, dit le concierge.

— A-t-il emmené Baptistin ? demanda Morcerf.

— Non, monsieur le vicomte.

— Appelez Baptistin, je veux lui parler.

Le concierge alla chercher le valet de chambre lui-même, et un instant après revint avec lui.

— Mon ami, dit Albert, je vous demande pardon de mon indiscrétion, mais j’ai voulu vous demander à vous-même si votre maître était bien réellement sorti ?