Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 5.djvu/222

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Eh bien ! continua celui-ci, depuis que ce cœur n’est plus avec vous au bois de Vincennes, il est autre part où je vais le retrouver.

— Allez, dit lentement le comte, allez, cher ami ; mais par grâce, si vous éprouviez quelque obstacle, rappelez-vous que j’ai quelque pouvoir en ce monde, que je suis heureux d’employer ce pouvoir au profit des gens que j’aime, et que je vous aime, vous, Morrel.

— Bien, dit le jeune homme, je m’en souviendrai comme les enfants égoïstes se souviennent de leurs parents quand ils ont besoin d’eux. Quand j’aurai besoin de vous, et peut-être ce moment viendra-t-il, je m’adresserai à vous, comte.

— Bien, je retiens votre parole. Adieu donc.

— Au revoir.

On était arrivé à la porte de la maison des Champs-Élysées. Monte-Cristo ouvrit la portière. Morrel sauta sur le pavé.

Bertuccio attendait sur le perron.

Morrel disparut par l’avenue de Marigny, et Monte-Cristo marcha vivement au-devant de Bertuccio.

— Eh bien ? demanda-t-il.

— Eh bien ! répondit l’intendant, elle va quitter sa maison.

— Et son fils ?

— Florentin, son valet de chambre, pense qu’il en va faire autant.

— Venez.

Monte-Cristo emmena Bertuccio dans son cabinet, écrivit la lettre que nous avons vue, et la remit à l’intendant.

— Allez, dit-il, et faites diligence ; à propos, faites prévenir Haydée que je suis rentré.

— Me voilà ! dit la jeune fille, qui, au bruit de la