Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 5.djvu/227

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— Et cependant il vous regardait comme la cause du déshonneur de son père, comme la cause de la ruine effroyable qui, en ce moment-ci, accable ma maison.

— C’est vrai, monsieur, dit Monte-Cristo avec son calme terrible : cause secondaire, par exemple, et non principale.

— Sans doute vous lui avez fait quelque excuse ou donné quelque explication ?

— Je ne lui ai donné aucune explication, et c’est lui qui m’a fait des excuses.

— Mais à quoi attribuez-vous cette conduite ?

— À la conviction probablement qu’il y avait dans tout ceci un homme plus coupable que moi.

— Et quel était cet homme ?

— Son père.

— Soit, dit le comte en pâlissant ; mais vous savez que le coupable n’aime pas à s’entendre convaincre de culpabilité.

— Je sais… Aussi je m’attendais à ce qui arrive en ce moment.

— Vous vous attendiez à ce que mon fils fût un lâche ! s’écria le comte.

— M. Albert de Morcerf n’est point un lâche, dit Monte-Cristo.

— Un homme qui tient à la main une épée, un homme qui, à la portée de cette épée, tient un ennemi mortel ; cet homme, s’il ne se bat pas, est un lâche ! Que n’est-il ici pour que je le lui dise !

— Monsieur, répondit froidement Monte-Cristo, je ne présume pas que vous soyez venu me trouver pour me conter vos petites affaires de famille. Allez dire cela à M. Albert, peut-être saura-t-il que vous répondre.

— Oh ! non, non, répliqua le général avec un sourire