Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 5.djvu/233

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On comprend donc avec quelle avidité les détails furent demandés, donnés et reçus, et Morrel put lire une indicible joie dans les yeux de sa bien-aimée quand elle sut que cette terrible affaire avait eu une issue non moins heureuse qu’inattendue.

— Maintenant, dit Valentine en faisant signe à Morrel de s’asseoir à côté du vieillard et en s’asseyant elle-même sur le tabouret où reposaient ses pieds, maintenant, parlons un peu de nos affaires. Vous savez, Maximilien, que bon-papa avait eu un instant l’idée de quitter la maison et de prendre un appartement hors de l’hôtel de M. de Villefort ?

— Oui, certes, dit Maximilien, je me rappelle ce projet, et j’y avais même fort applaudi.

— Eh bien ! dit Valentine, applaudissez encore, Maximilien, car bon-papa y revient.

— Bravo ! dit Maximilien.

— Et savez-vous, dit Valentine, quelle raison donne bon-papa pour quitter la maison ?

Noirtier regardait sa fille pour lui imposer silence de l’œil ; mais Valentine ne regardait point Noirtier ; ses yeux, son regard, son sourire, tout était pour Morrel.

— Oh ! quelle que soit la raison que donne M. Noirtier, s’écria Morrel, je déclare qu’elle est bonne.

— Excellente, dit Valentine : il prétend que l’air du faubourg Saint-Honoré ne vaut rien pour moi.

— En effet, dit Morrel ; écoutez, Valentine, M. Noirtier pourrait bien avoir raison ; depuis quinze jours, je trouve que votre santé s’altère.

— Oui, un peu, c’est vrai, répondit Valentine ; aussi bon-papa s’est constitué mon médecin, et comme bon-papa sait tout, j’ai la plus grande confiance en lui.

— Mais, enfin, il est donc vrai que vous souffrez, Valentine ? demanda vivement Morrel.