Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 5.djvu/255

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Et la jeune femme, les larmes aux yeux, et avec toutes les marques d’affection d’une véritable mère, s’approcha de Valentine, dont elle prit la main.

D’Avrigny continua de regarder Noirtier, il vit les yeux du vieillard se dilater et s’arrondir, ses joues blémir et trembler : la sueur perla sur son front.

— Ah ! fit-il involontairement, en suivant la direction du regard de Noirtier, c’est-à-dire en fixant ses yeux sur madame de Villefort, qui répétait :

— Cette pauvre enfant sera mieux dans son lit. Venez, Fanny, nous la coucherons.

M. d’Avrigny, qui voyait dans cette proposition un moyen de rester seul avec Noirtier, fit signe de la tête que c’était effectivement ce qu’il y avait de mieux à faire, mais il défendit qu’elle prît rien au monde que ce qu’il ordonnerait.

On emporta Valentine, qui était revenue à la connaissance, mais qui était incapable d’agir et presque de parler, tant ses membres étaient brisés par la secousse qu’elle venait d’éprouver. Cependant elle eut la force de saluer d’un coup d’œil son grand-père, dont il semblait qu’on arrachât l’âme en l’emportant.

D’Avrigny suivit la malade, termina ses prescriptions, ordonna à Villefort de prendre un cabriolet, d’aller en personne chez le pharmacien faire préparer devant lui les potions ordonnées, de les rapporter lui-même et de l’attendre dans la chambre de sa fille.

Puis, après avoir renouvelé l’injonction de ne rien laisser prendre à Valentine, il redescendit chez Noirtier, ferma soigneusement les portes, et après s’être assuré que personne n’écoutait :

— Voyons, dit-il, vous savez quelque chose sur cette maladie de votre fille ?